Première Partie:
Le réveil du portable sonna 7h, faudrait peut-être penser à se lever, prier et se mettre au boulot. Encore une journée de routine nettoyages au programme et préparation des repas, bon sang quant est-ce que cela va prendre fin. Khady se réveillait chaque matin avec ce même état d’esprit, elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir inutile et en même temps débordée par ses activités ménagères. Elle voulut se lever et mettre un terme à ses contrariétés mais très vite s’endormit. Elle se sentait lasse et en voulait encore de ce repos bien mérité sous la couverture bien au douillet. Devoir faire face à l’eau froide au petit matin, ça n’a rien d’amusant, surtout lorsqu’on se retrouve avec les mains tellement froides qu’on ne les ressent plus. Alors que ses pensées se brouillaient dans sa tête, elle crut entendre qu’on l’appelait.
- Khadidiatou, réveille- toi le petit déjeuner est servie, disait la voix douce au creux de son oreille, elle sentit le souffle chaud de l’inconnu sur son cou, elle voulut ouvrir les yeux mais n’y arrivait pas ; maintenant elle sentait des caresses sur son bras, son cou, ses joues, de petits bisous semés ça et là sur son visage, c’était délicieux, elle voulait que l’inconnu continue mais il semblait changer d’avis, maintenant il se mettait à crier son nom.
- Khadidiatou ? Khady tu vas te réveiller à la fin dormir jusqu’à heure pareil ! Khadidiatou ? Ce qui la fit sursauter de son lit presque tétanisée, oh non l’inconnu n’est autre que sa mère qui l’appelait depuis le salon, elle avait réussi à lui gâcher son rêve. Maintenant elle allait être de mauvaise humeur toute la journée. Elle entendit qu’elle l’appelait encore et encore.
- Je suis réveillée j’arrive, cria t-elle frustrée.
Une fois sa toilette finie, elle s’activa pour la prière du matin, l’heure avait été dépassée depuis longtemps, mais elle devait les payer et demander au bon Dieu de l’aider à accéder à ses vœux. Cependant elle se mit à douter même de l’acceptation de ses prières par Allah, vu qu’elle n’avait pas respecté l’une des prescriptions à savoir prier à l’heure convenue. Sa mère l’appelait encore, elle dû de faire violence pour ne pas craquer, elle l’énervait à crier son nom de la sorte, à croire qu’elle voudrait que tout le quartier sache qu’elle ne s’était toujours pas réveillée. Elle finit par sortir de la chambre et rejoignit sa mère dans le salon, elle la salua ainsi que son père avec le visage fermé.
- Dormir jusqu’à pareil heure ? demanda sa mère, comme si tu n’avais pas du travail à faire, elle ne broncha pas et se mit à s’activer, elle devait balayer, passer la serpillère et s’occuper du petit- déjeuner. Ses petits frères et sœurs étaient déjà partis à l’école. Heureusement qu’aujourd’hui, il n’y avait pas lieu d’aller au marché, tous les condiments pour le déjeuner et le diner étaient disponible. Donc elle pouvait prendre son temps et espérer moins se fatiguer, parce que des journées comme ça c’était son quotidien depuis assez longtemps. Elle était l’ainée de sa famille ce qui impliquait forcément le soutien de sa mère. Elle allait encore devoir supporter cette triste journée à faire plaisir à tout le monde sauf à elle, s’occuper de la moindre tâche et si ce n’était que ça, car malgré son effort pour bien faire et tout faire, il y’aura toujours sa mère derrière elle pour lui rappeler ce qu’elle n’a pas fait ou ce qu’elle devrait faire. Certains moments elle pensait que sa mère serait bien embêtée le jour où elle s’en irait, elle ne comprenait pas pourquoi sa mère s’acharnait tellement sur elle, ce n’est pas qu’elle doutait de son amour pour elle, mais elle ne semblait jamais satisfaite d’elle. Mère Yacine comme l’appelait les amis de ses enfants, n’est pas comme on pourrait le penser une mégère, non, elle était gentille de nature très serviable avec la famille, elle était juste exigeante avec ses enfants, de bonnes notes à l’école, un travail soigné, elle voulait que ses enfants se surpassent sur tout, qu’ils soient bien éduqués. C’est une femme ambitieuse qui voudrait avoir la belle vie, elle rêve que ses enfants réussissent un jour et lui payer tout ce dont elle voudra. Parce que quoi qu’on en dise pour elle l’argent était un besoin nécessaire et en avoir plus représentait pour elle un élément crucial à son bonheur. Aussi elle voulait se donner les moyens d’y arriver, son petit commerce de denrées alimentaires l’aidait certes à assurer la dépense quotidienne mais elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas en amasser une fortune. Donc elle devait miser sur ses enfants, Khady avait cinq petits frères et sœurs, le seul garçon de la famille était encore au lycée de même que Fama, sa jumelle, et Awa qui venait après eux, quand aux deux dernières, elles étaient encore à l’école primaire. Elle était fière d’eux et se souciait beaucoup de leur réussite scolaire. Lorsqu’ils revenaient de l’école elle prenait le soin de vérifier chaque cahier et les exhortait à faire leur devoir. Elle pouvait encore forcer les petites à obéir mais en ce qui concerne Abdou et Fama, elle ne pouvait que parler parce qu’ils n’en faisaient qu’à leurs têtes. Ils n’aimaient pas recevoir des ordres venant d’elle alors à bout de force, elle demandait intervention auprès de sa mère qui savait exactement les mots à utiliser pour les faire entendre raison, elle les menaçait et parfois même les intimider carrément, ainsi ils avaient intérêt à filer droit s’ils ne voulaient pas être la risée de leurs copains. Car Mère Yacine savait s’y faire en matière de remontrances. Une fois qu’elle se mettait à parler rien ne pouvait l’arrêter et le pire c’est qu’elle savait dire les mots qui pourraient t’embarrasser. Khadidiatou n’aimait vraiment pas en arriver là mais ils ne lui laissaient pas non plus le choix, lorsqu’elle les voyait trainer dehors ou scotcher à la télé alors qu’ils avaient des exercices à faire ça la mettait vraiment en rogne. Ils étaient en classe de secondes tous les deux à 17ans, l’année dernière ils avaient réussi au BFEM à l’orale, mais cela avait un goût amer car malgré les félicitations qui leur étaient adresser, ils ressentaient une profonde déception venant de leurs parents vu qu’ils s’attendaient à ce qu’ils fassent mieux que ça parce qu’il y’avait nul doute qu’ils pouvaient faire mieux. Mais trop de déconcentration et de laisser aller avaient été les causes de ce revirement de situation. Les deux adolescents avaient trop confiance en eux pour repérer leurs lacunes et les corriger à temps, ils pensaient que leur intelligence était assez suffisante pour délier les pièges de l’examen.
Lors de cette épreuve, alors que tout le monde était impatient de connaître les résultats du premier tour, Khady s’était sentie littéralement transporter quelques années auparavant, alors qu’elle passait elle-même cet examen. A l’époque personne ne se souciait qu’elle ait bien travaillé à l’école ou pas comme aujourd’hui pour ses frères et sœurs, même si son père l’encourageait à persévérer pour elle cela ne semblait pas suffisant. Elle aurait voulu que sa mère s’intéresse plus à ses études comme elle semblait le faire aujourd’hui pour le reste de ses enfants. Son passage au primaire s’était plutôt bien passé, elle rapportait de bonnes notes à la maison et par conséquent rendait Père Oussou fier d’elle. Tout ce qu’elle voulait elle l’avait, tout le monde disait qu’elle était le chouchou de son papa. Ils étaient très proches tous les deux, cela rendait parfois sa mère très jalouse. Cependant cet état de fait ne dura pas longtemps, dés qu’elle sut cuisiner coïncidant avec son entré en sixième au collège, les choses commencèrent à se gâcher. Les travaux ménagers devinrent pesants sur son emploi du temps, avant d’aller à l’école, il fallait s’occuper de la propreté de la maison, à la sortie des classe à midi, il fallait d’abord passer au marché faire les courses et une fois rentrée, le repas devait être préparé et servi avant quinze heures parce qu’elle devait retourner à l’école. C’étaient des moments difficiles qu’elle parvenait à gérer tant bien que mal même si ce n’était pas évident. Elle se débrouillait très bien dans certaines matières comme les mathématiques mais avait des lacunes sur d’autre tel que l’anglais. Malheureusement à l’examen, elle avait échoué et la déception l’avait tellement anéantie qu’elle en voulut à la terre entière. Pour se rebeller contre ce qu’elle croyait comme injustice, elle décida de ne plus s’occuper de la maison, elle était carrément remontée contre sa mère. Celle-ci dut reprendre les activités de la maisonnée, avec la participation des petites parce qu’elle ne pouvait décidemment plus dépendre de khady qui n’arrêtait pas de faire sa tête de mule. Mère Yacine aussi était désolée de son échec à l’examen et intérieurement elle culpabilisait de n’avoir pas soutenu sa fille. Alors elle ne voulut pas la contrarier d’avantage et n’essaya pas de lui forcer la main. Khadidiatou avait fini par laisser tomber les études, elle ne voulut pas reprendre la troisième parce qu’elle était convaincue qu’elle ne réussirait pas mais en fait elle était juste découragée et aujourd’hui elle regrettait de n’avoir pas écouté son père qui l’avait encouragé à reprendre, parce qu’elle pense maintenant que les études auraient pu changer sa vie.
Dernière édition par Nemam le 2011-04-01, 04:05, édité 1 fois