syntaxe bou amoul féne puisk dama ko inventé
voila deux parties pour vous régaler.
Anta devait se préparer pour la ville comme sa mère le lui avait demandé. Les temps étaient durs, et il n’y avait plus rien à Khaayan, village situé à quelques kilomètres de Mbacké, et en tant que fille unique elle devait prendre les devants.
Le jour de son départ, la tristesse se lisait sur tous les visages, sa mère, Ndeye Rokhaya, lui mettait les derniers grigris qu’elle avait commandés chez Serigne Ndiaye, réputé par ses pouvoirs de protection contre le mal. Cela avait été difficile de prendre une telle décision, Anta ne connaissait autre part que le village, ou elle naquit dix sept saisons plutôt, elle avait grandi dans cette paisible campagne ou joies et tristesses l’avaient vue grandir. Mais comme les récoltes ne produisaient plus, il fallait trouver une solution et la seule qui était plausible, était la ville ou les rumeurs disaient que disette était méconnue.
Anta cette fille devenue femme, de beauté moyenne avec son mètre quatre vingt, avait toujours été très serviable envers les autres. Tout le monde la pria de faire attention à elle et à son entourage car tout le monde au village l’estimait.
- Fais très attention à toi, et ce grigri à, ta descente du car, tu le mets immédiatement sur l’avant bras, laisse moi te montrer, il faut le faire comme Serigne Ndiaye l’a dit.
- Maman j’ai compris c’est bon ne t’en fais pas je le mettrai comme il faut.
- Prends soin de toi ma fille, n’oublie jamais d’où tu viens, sache que Dieu sera toujours avec toi et surtout n’oublie jamais tes prières, n’oublie pas de nous appeler et surtout fais très attention. Dis à ta tante que je n’ai pas oublié ce qu’elle m’avait dit et surtout… ah voila ton car.
Tout le monde voulait lui dire au revoir et sa maman lui faisait ses dernières recommandations quand on entendit les klaxons
- Montez vite le bus va partir dépêchez vous, criait un coxer.
- Au revoir maman, je te promets de t’écrire…
Anta avait le visage embué de larmes, elle monta dans le bus sans se retourner car elle savait qu’elle ne supporterait pas de voir sa maman pleurer.
Elle surveillait de prés ses valises comme sa mère le lui avait demandé. Accoudée à sa fenêtre, elle regardait défiler la savane sans pour autant s’y intéresser, elle repensait à sa mère, cette brave femme qui l’avait élevée comme il se devait, elle n’avait jamais manqué de rien.
Elle venait de réaliser que sa mère lui manquerait énormément, ses amies avec qui elle allait puiser l’eau tout en jouant à se la verser, en criant, ah ces temps allaient vraiment lui manquer et comme pour approuver ses dires, une larme ne manqua pas de tomber qu’elle essuya d’un bras.
Plusieurs heures plu tard, le bus s’arrêta enfin. Il était temps, ses jambes ne le supportaient plus, elle ne savait pas s’il fallait descendre ou pas, Anta pleura tout d’un coup, comment allait t-elle s’en sortir, elle réalisa qu’elle se sentirait seule, vraiment seule.
- balma fi moye garage pikine ? ( excuse moi est ce le garage de pikine) ?demanda t-elle a un passager, sans doute pressé de descendre
-dédét dess na fi garage Rufisque la, la togal touti légui nga eski ( non nous sommes au garage de
Rufisque, il te reste un petit bout de chemin)
-dieureudieuf (merci).
Elle se rassit convaincue cette fois que sa vie allait vraiment changer, elle n’arrêtait pas de penser et repenser a sa douce et tendre enfance a Diourbel, elle repensa a l’agneau que son père lui avait donnée avant de mourir, elle était si jeune et il y’a encore quelques années, elle pensait qu’ il était juste parti en voyage jusqu’au jour ou, a son retour au village, sa mère lui dit réellement ce qu’ il en était. Elle avait perdu son père toute jeune, la seule image c’était ce jour ou elle pleurait, réclamant l’agneau qui venait de naitre parce que c’est elle qui s’occupait de cette brebis, son père pour la calmer le lui donna et depuis lors elle s’en occupa, à ces pensées un petit sourire se peignit sur ce visage, fatigué, froissé, sur ce visage rempli de cernes et de larmes. Que de souvenirs !
Un lot de bruit la réveilla :
-pikine gneuw léne ( ceux qui vont sur pikine venez),ah enfin .Elle s’occupa des valises et pendant qu’elle regardait autour d’elle un jeune homme s’approcha d’elle, ah Junior enfin quelqu’un qu’elle connait, son cousin était donc venu la chercher, au moins elle ne s’ennuierait pas à attendre.
-comment vas-tu ? ah tu as grandi j’ai failli ne pas te reconnaitre, tu m’attends depuis longtemps ?
-non a peine 15 mn je revenais de l’école quand maman m’a dit de venir te chercher au garage, le voyage t’a apparemment épuisée, viens on va prendre un taxi ce n’est pas très loin.
Le taxi fit a peine 45mn et n’eut été les embouteillages on serait arrivés depuis longtemps.
- on est ou ? demanda t elle a Junior.
- hann marinas ,tu verras que tu vas t’habituer boul wakh dara nala topato ( ne t’inquiètes pas je vais m’occuper de toi). Maman nous sommes la.
Sa tante Saye, tout le monde l’appelait comme cela, mais en réalité son nom est Seynabou Diop, elle était d’une gentillesse sans fin, toujours la pour sa tendre mère, elle n’oubliera sans doute jamais ses va et vient quand sa mère est tombée malade, elle s’était occupée de tout sans rien demander en retour, et rien que pour ca elle se promit de faire le tout pour ne pas la décevoir.
- ma fille comment vas-tu ,tu dois être épuisée ,comment vas-tu ah mais tu as bien grandi, et ta maman comment vas t-elle, demanda t-elle toute joyeuse.
- ma mère va bien, nous allons tous bien a part bien sur la sécheresse qui est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis la.
- ah pour ca ne t’en fais pas tout ira bien, va te reposer et on va manger après, Junior viens ranger les valises.
Sa première nuit loin de sa mère, sa première nuit loin de sa terre, sa première nuit loin de son village, loin de cette case qui a cette heure doit luire sous les lumières à gaz accrochées au milieu de la pièce. Les larmes lui brouillaient la vue, et la fatigue se fit sentir puisqu’elle ne tarda pas a plonger dans le sommeil.
Apres le petit déjeuner ,sa tante la fit venir pour parler de ce qu’elle allait bien faire.
- wa tanta ana nafi ? ( ou es Nafi tata ?)
- migui ecolam mom tay lay gnibissi sakh( a la fac elle rentre aujourd’hui même). Maintenant que tu es la, il va falloir réfléchir a ce que tu vas faire, tu as été a l’école mais tu n’as pas encore le BFEM donc en attendant je pensais a t’inscrire dans une école de couture ou de coiffure, c’est à toi de voir.
Le temps d’apprendre un métier qu’en penses tu ?
- ah tata je ferais ce que tu décideras mais je crois que je vais aller coudre j’ai toujours aimé cela.
- très bien, en attendant tu vas venir avec moi a la boutique je t’apprendrais certaines choses parce qu’il faut que tu travailles en même temps, ta maman a besoin d’argent, donc le matin tu vas aller a l’institut et le soir tu seras a la boutique pour m’aider comme cela à chaque mois tu gagneras de quoi donner à ta maman, tu es d’accord avec moi ?
- oui tata je ne pouvais espérer mieux. Merci pour ton aide.
L’après midi, Anta partit avec junior voir l’institut qui se trouvait à yarakh, après les présentations faites, elle pouvait commencer le lendemain même, parfait se dit –elle, tout se passera bien et sa mère serait fière d’elle.
Tante Saye l’amena à sa boutique ‘’juna prix doux’’ sise au marche castors, elle tenait un grand magasin et avait de tres importants clients, elle avait même des apprentis qui la secondaient parce qu’il y’avait vraiment beaucoup d’articles dans cette magnifique boutique, Anta n’arrêtait pas de tournoyer, jamais elle n’avait vu d’aussi belles choses.
- ma fille comme tu as été a l’école, tu vas t’occuper de rédiger et signer les factures, je t’apprendrai comment faire tu verras c’est tres facile, tu t’occuperas également de faire l’inventaire de certains matériels qui seront achetés et tu t’occuperas de certaines commandes.
- d’accord j’espère vraiment être a la hauteur de ce que tu attends de moi.dit t-elle toute joyeuse et anxieuse à la fois, elle se demandait intérieurement si elle pouvait vraiment faire tout cela en même temps, mais cela ne posait aucun problème, tout se passera bien se dit –elle, c’est juste une nouvelle vie qui commence.
Le lendemain, Anta se réveilla de bonne heure, balaya la cour, fit la vaisselle, prit le petit déjeuner et en compagnie de Junior rejoignit l’institut où sa tante l’inscrivit, elle ne connaissait pas encore le chemin qui y menait mais promit a junior que d’ici deux jours elle y irait toute seule. Tout se passa sans vraiment d’incidences. Elle fit tout ce que son patron attendait d’elle, à 14h reprit le chemin de la maison, mangea non sans manquer de féliciter la domestique pour le délicieux mets qu’elle avait servi. Elle emporta ensuite le repas de tante Saye et, avec Sokhna, prit la route pour le magasin.
Pendant que le personnel prenait le repas, Anta rangea un peu la boutique parce que de nouveaux produits venaient d’être commandés, et rangés, il y’avait des sacs un peu partout.
Vers 18h, après une journée chargée, Anta et tante Saye effectuaient les dernières vérifications, la boutique fermait a 20h.
Nafi était rentrée de l’université, les weekends elle les consacraient à sa famille, junior et elle étaient les seuls enfants de tante Saye ,leur père, en mission en Mauritanie à l’époque, finit par épouser une belle toucouleur comme deuxième femme, et depuis lors il n’avait plus remis ses pieds à Dakar, il n’appelait plus sa femme ,ni ses enfants, les hommes, tous les mêmes.
Nafi était vraiment déçue, et avait son opinion personnelle sur les hommes, elle ne leur faisait aucune confiance et ne se faisait jamais duper. Après son baccalauréat ,elle suivît des cours de gestion a l’université Cheikh Anta Diop de dakar, elle en était à sa quatrième année.
- ehh Anta ya mel ni mais namone nala , lou bess, ana sama tanta ? (Anta, j’avais ta nostalgie, et tata Rokhaya comment va-t-elle ?)
- migui fa rek demb batay magui lay latié (ma mère se porte bien, depuis hier je demandais après toi) …
Apres le diner, tante Saye fit les derniers calculs de la boutique ,et après avoir souhaité une bonne nuit aux filles, remit les clés à sa nièce et partit se coucher.
Les filles bavardèrent jusqu'à minuit et finirent par s’endormir.
Plusieurs jours s’écoulèrent ,Anta gérait maintenant parfaitement le magasin, elle avait la confiance totale de tante Saye et avait même réussi à attirer certains clients sans doute grâce à sa beauté, elle avait même envoyé de l’argent à sa mère, et tout le village la remercia, elle lui trouva même un téléphone et l’appelait très souvent. Elle était vraiment heureuse de la tournure que sa vie avait prise.