si vous trouvez ca nul zarrête, sinon ze contini
Conseils avisés PARTIE 1
Lorsque Mya atteignit la porte de son appartement elle fut partagée entre le soulagement et la crainte. Elle tenta d’insérer la clef dans la serrure, mais la manqua à deux reprises. Les effets de l’alcool ne s’étaient pas encore complètement dissipés pensa-t-elle.
Elle n’aurait pas du boire autant, elle aurait du se contrôler, mais une fois de plus elle s’était laissée dépassée par la situation, résultat elle était complètement ivre. Lorsqu’elle réussit enfin à ouvrir la porte d’entrée, elle pria intérieurement que Karim soit déjà couché et qu’il ne la trouve pas dans cet état.
Elle retira lentement ses talons pour faire le moins de bruit possible. Il faisait sombre, le salon semblait désert même si elle n’y voyait pas grand-chose, elle referma doucement la porte et se dirigea d’un pas mal assuré vers sa chambre. Alors qu’elle tentait de traverser le salon sans rien casser la lumière s’alluma.
Elle sursauta. Il n’était pas couché, Karim était là assis face à elle et ses yeux lui lançaient des éclairs. Elle essaya de prendre de l’assurance, car un rapport de force allait s’engager bientôt, elle avait trop bu certes mais ce n’était pas la fin du monde.
- D’où est-ce-que tu sors ? demanda-t-il
- Tu le sais très bien
- Tu te rends compte de l’heure qu’il est, il est plus de 3heures du matin, regardes dans quel état tu es, comment tu es habillée…
- Stop ! Il est trois heures du matin, ce n’est pas la peine d’ameuter tout le voisinage, si tu n’as pas sommeil, moi si alors je vais me coucher et on en reparle demain.
Elle s’avança un peu plus vers le couloir qui donnait sur les chambres mais Karim se leva et lui saisit violemment le bras
- Restes ici nous n’avons pas encore fini
- Lâche-moi ! cria-t-elle
- Tu empestes l’alcool, tu es saoule !
- Non j’ai juste bu un petit verre c’est tout
- Tu es pathétique
- Mais non, je ne suis pas saoule regarde, j’arrive à toucher mon nez avec mon index dit-elle en joignant le geste à la parole, mais au lieu du nez c’est son œil qu’elle toucha ! Merde pensa-t-elle.
Il la dévisagea un instant, comme s’il la voyait pour la première fois, puis il se dirigea vers sa chambre. Elle fit de même, lorsqu’elle se retrouva dans son lit, elle remercia le ciel d’avoir pensé à faire chambre à part avec lui car elle n’aurait pas supporté de dormir avec lui en sachant ce qu’il devait penser d’elle à présent…
Mya sentit le soleil l’agresser à travers la vitre, pourtant elle était sure d’avoir tiré les rideaux hier soir. Elle ouvrit un œil, puis l’autre, Il était là au pied de son lit à la regarder comme si elle était un phénomène de foire, elle détestait quand il faisait ça. Elle avait un mal de tête affreux, surement du au trop plein d’alcool de la veille. Elle n’était pas d’humeur à supporter une scène de ménage.
- Laisse-moi dormir Karim pour l’amour du ciel
- J’attends des explications ! Où étais-tu hier soir ? Et comment t’es tu retrouvée ivre morte…
- Tu oses me demander ou est-ce que j’étais ? d’après toi j’étais où ? Hein Karim ?
- C’est moi qui pose les questions ici et tu réponds
- Ok ! Tu veux savoir où j’étais ? Hier c’était mon premier vernissage à la galerie, la première fois que j’exposais mon travail en dehors de la maison. C’était un évènement très important dans ma carrière, et TU n’étais pas là ! Hier matin encore je t’ai demandé si tu allais venir tu m’as dis oui en pianotant sur ton ordinateur, je suis sure que tu n’as même pas entendu la question tellement tu étais absorbé par ton travail, et je me suis retrouvée la bas, à la galerie au milieu d’inconnus qui me félicitaient et m’encourageait alors que ma propre famille manquait à l’appel
- Ndèye n’était pas …
- Non, mais elle au moins elle m’a appelé pour me dire qu’elle ne pourrait pas être là ! Alors oui, j’ai bu un verre puis un autre, oui je me suis saoulée pour oublier combien je me sentais seule et conne au milieu de tous ces gens et combien MON travail comptait si peu à tes yeux.
- Arrêtes Mya, tu dramatises là, il y en aura d’autres des vernissages et je…
- Comment ne pas dramatiser Karim, est-ce que tu t’écoutes quand tu parles ? J’ai l’impression que pour toi ce n’est qu’une petite fête d’anniversaire qu’on organise comme ça en claquant des doigts !
- Ecoutes, j’ai beaucoup de pression au boulot actuellement…
- Bon stop, c’est bon tu m’as gavée là, laisses moi seule s’il te plaît, retourne à tes dossiers…
- Mya…
- Laisse moi seule je t’en supplie !
Il la regarda un moment puis sortit, lorsqu’il referma la porte, elle éclata en sanglots. Lorsqu’elle se décida enfin à se lever, il était plus de 14heures ! Elle prit une douche rapide, enfila un jean et un t-shirt, en se jurant de ne plus jamais boire autant !
Elle sortit de sa chambre, priant intérieurement que Karim soit au boulot comme à son habitude, mais non il était encore là assis, comme s’il l’attendait. Elle n’avait qu’une envie retourner sous la couette, elle savait qu’il était tellement têtu qu’il ne lâcherait pas le morceau avant qu’ils n’aient eu cette conversation.
- Ou vas-tu ? demanda-t-il
- Je sors
- Est-ce qu’on peut se parler, en adultes responsables cinq minutes ?
- Je ne sais pourquoi mais je sens que ça va être super gonflant ! répondit-elle
- Mya, mets y un peu de bonne volonté, s’il te plaît assieds-toi ! dit-il d’un ton sans appel.
Elle détestait lorsqu’il employait ce ton avec elle, elle avait l’impression de revenir une adolescente se faisant gronder dans le bureau du proviseur …
- Tout d’abord je m’excuse d’avoir raté ton vernissage, j’ai été pris par une affaire très importante au bureau
- Plus importante que moi, ta femme…
- Laisse moi finir s’il te plaît, tu peux te permettre de critiquer, toi tu n’as jamais travaillé dans une entreprise à ce niveau de responsabilité, avoir toute une équipe à gérer, devoir rendre des comptes à un Conseil d’administration…
- En gros, moi je glande toute la journée et mon boulot c’est de la merde
- Mya arrêtes ça tout de suite, tu sais que ca m’énerve au plus haut point, ne déformes pas mes propos
- Tu n’as pas le monopôle de l’énervement chéri, je suis énervée aussi, tellement énervée d’ailleurs que je me casse. Dit-elle en se levant !
- Mya rassies toi tout de suite nous n’avons pas fini
- Moi j’en ai fini en tout cas, si tu veux rester discuter avec les murs, libre à toi, moi je me barre.
Joignant le geste à la parole, elle se leva attrapa son sac et se dirigea vers la porte
- Mya, si tu passes cette porte…
- Ne me menaces pas bébé dit-elle en souriant, tu sais qu’à ce jeu là c’est moi la plus forte.
Elle sortit, laissant Karim seul au milieu du salon. Elle avait raison, pensa-t-il, ce n’était pas la meilleure façon de lui faire peur, elle n’avait d’ailleurs peur de rien, c’était d’ailleurs ce qui l’avait attiré chez elle la première fois qu’il l’avait vue ! Il était alors étudiant en dernière année, il allait assister à une assemblée générale des étudiants en vue de voter pour ou contre un blocus de la fac. Il y était allé avec la ferme intention de voter contre. Il était déjà installé sur un des strapontins de l’amphithéâtre lorsqu’elle fit son entrée. Il l’a tout de suite remarqué par sa tenue vestimentaire, elle lui expliqua par la suite que c’était ce qu’elle appelait le style rebelle chic, « pas politiquement correct, mais pas clodo quand même » c’était la phrase exacte qu’elle avait dite ! Il sourit à ce souvenir !
Elle portait un baggy troué, un petit haut cintré laissant entrevoir une poitrine voluptueuse et une veste. Elle avait pris la parole et avait captivé son auditoire, surtout lui, elle avait un tel charisme. Même après son speech, il n’arrêtait pas de la regarder. Pour être sur de la revoir, il s’était même inscrit pour participer à une manifestation devant avoir lieu le lendemain dans une ville voisine. Il s’était arrangé pour être assis à côté d’elle durant le trajet, ils avaient sympathisé.
Elle faisait une licence en Art, elle était non seulement belle, mais pleine d’esprit, et drôle capable de citer Coluche et Gandhi dans une même phrase. Quand enfin, il avait eu le courage de lui demander de sortir avec lui, elle lui avait sorti cette phrase improbable qu’il n’oublierait jamais : « Ecoutes mec, je suis pas un concept, je suis juste une fille un peu barge, qui cherche sa voix, j’ai l’air forte, grande gueule, mais à l’intérieur je suis une loque, j’ai besoin de beaucoup d’attention, donc si tu cherches juste une aventure tu peux passer ton chemin et on restes potes, but if you want more, let’s get more ! »
Let’s get more… Ces mots résonnaient encore dans sa tête. Il était fou amoureux d’elle, il n’avait jamais ressenti ça, il l’avait su que c’était elle, elle était loin d’être parfaite, elle avait même une liste innombrables de défauts mais un seul de ses sourires lui faisait oublier tout cela. Même si en ce moment il en voyait très peu…